Pour un lit bien chaud

Lorsque le thermomètre descend en saison d'hiver, on apprécie en fin de journée de trouver un lit bien chaud. Cela n'a pas été toujours possible surtout dans les temps anciens. Les draps de lit de nos parents et grands parents étaient en lin, matière inusable que l'on se transmettait de génération en génération. Le contact avec les draps était plutôt rude et, en période hivernale, le contact était nettement froid. Nos ancêtres ont donc cherché de bonne heure à relever la température de leur couchage en y ajoutant un peu de chaleur.

Bouillottes01.jpg

  • Les classes aisées ont pratiqué l'usage de LA BASSINOIRE, cette grosse poêle à couvercle réalisée en cuivre, munie d'un manche en bois. Le réceptacle recevait des braises rouges source de chaleur et, après fermeture du couvercle, on promenait la bassinoire entre les draps pour obtenir une température convenable pour le candidat dormeur. Ce travail baptisé "le bassinage"  était toujours délicat, car il y avait, de par la présence des braises, un risque de brûlure des draps voire d'incendie. Dans le monde de la noblesse le bassinage était effectué  par des servantes ou des valets et ce travail relevait d'un certain cérémonial. De nos jours on trouve les belles bassinoires en cuivre chez les antiquaires et ces ustensiles sont mis en valeur au titre de décoration d'appartement.
  • Plus modeste, mais fort efficace, on trouve LA BOUILLOTTE. Souvent de forme ovoïde, ce réservoir en cuivre rempli d'eau chaude , fermé par un bouchon métal à vis , était placé entre les draps pour fournir une chaleur bienvenue. On pouvait la déplacer par étape, jusqu'à la position des pieds du dormeur lequel pouvait garder la bouillotte en place toute la nuit. Plusieurs modèles ont été réalisé. Outre la forme ovoïde assez courue, on trouve notamment en Lorraine, des bouillottes fabriquées avec des douilles d'obus. Une plaque circulaire en cuivre munie d'un bouchon métal à vis soudée sur la douille assure la fermeture de la bouillotte et permet son remplissage en eau chaude.
  • Toujours avec le même principe d'un réservoir rempli d'eau chaude, on trouvait LE CRUCHON, appelé aussi LE BOUTEILLON. Ce récipient réalisé en grès était muni d'un bouchon fermeture. Souvent la mère de famille confectionnait au tricot un lainage pour envelopper le cruchon de manière à avoir un contact plus confortable avec les pieds du dormeur.

Bouillottes02.jpg

  • Pour les "bourses pauvres", il restait LA BRIQUE. La simple brique en terre cuite était réchauffée dans le four de la cuisinière. Le contact rugueux de la brique chaude était atténué par un emballage en papier journal ou avec un linge. Le modèle tout simple de la brique utilisée normalement pour la construction dans le bâtiment, avait une version améliorée: LA BRIQUE VERNISSEE dont les arêtes étaient arrondies, et la grande face percée de deux trous pour augmenter la surface chauffante.
  • Après l'arrivée de l'électricité, on a utilisé la chaleur dégagée par les ampoules à filament pour "chauffer le lit". Comme on ne pouvait pas laisser la lampe directement au contact des draps, on l'a équipé d'une armature en bois pour écarter les-dits draps. Ce nouvel équipement a été baptisé LE MOINE . Assez encombrant "le moine" ne pouvait pas rester en place toute la nuit. Il réchauffait les draps puis laissait la place au dormeur.
  • Plus près de nous sont apparues LES COUVERTURES CHAUFFANTES dont les modèles plus perfectionnés sont équipés d'un thermostat assurant la coupure de l'alimentation électrique.
  • Et puis, ne les oublions pas, il y a LES BOUILLOTTES EN CAOUTCHOUC. Toujours d'actualité, elles ont leurs partisants avec les personnes agées frileuses et elles répondent au même principe que les bouillottes métal: un réservoir rempli d'eau chaude.


Nous venons de parcourir le catalogue historique des moyens pour avoir un lit bien chaud.  Nous sommes en hiver. Dehors la bise, le vent d'Est glacial souffle avec une violence aiguë. Couché entre des draps bien chauds nous apprécions notre confort. Alors BONNE NUIT !

Jean SPAITE         Février 2015

Ce texte a été écrit au mois de Février 2015 par une journée particulièrement froide...dans l'attente d'un lit bien chaud...

Haut de page