Hommage à une personnalité : Marcel CAVAILLE

Marcel CAVAILLE, La nouvelle vie du tramway français

Préambule.

On pourrait s'étonner de voir figurer un hommage à une personne éloignée de la Lorraine puisqu'il était natif du Sud-Ouest, mais son oeuvre la plus connue: le Concours Cavaillé, a permis le renouveau du tramway en France. Parmi les huit grandes villes contactées en 1975 par Marcel Cavaillé pour réhabiliter le tramway dans l'hexagone, Nancy figure en troisième place. Regrettons que la ville au chardon a dédaigné la proposition pour préférer plus tard le TVR (Transport sur Voie Réservée) équipé de pneus de roulement, baptisé à tors "tram" en local, qui depuis l'an 2000 s'est illustré dans une succession coûteuse de problèmes. Des quatre coins de la Lorraine et même d'au-delà de nos frontières, les visiteurs de Nancy et à plus forte raison les habitants de la ville connaissent le moyen de transport déficient en dépit d'une carrosserie moderne.

Hommage à Marcel Cavaillé.

Il est né le 3 Février 1927 à L'ISLE SUR TARN (Tarn), Marcel CAVAILLE est décédé le 14 Février 2013 à l'âge de 86 ans à Saint JEAN (Haute Garonne). Ingénieur EDF de formation, il est élu en 1971 sénateur de Haute Garonne [centre droit]. Marcel Cavaillé est nommé secrétaire d'état aux transports en 1974 sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac étant premier ministre. Il fut le secrétaire d'état aux transports qui a marqué son mandat par la création de la carte orange, mais surtout par le concours "Cavaillé" qui a permis en France une renaissance du tramway, ce véritable véhicule de transport électrique qui roule sur des rails en acier.

Le 27 Février 1975, il adresse une lettre aux maires de huit villes de France :

  • Bordeaux
  • Grenoble
  • Nancy
  • Nice
  • Rouen
  • Strasbourg
  • Toulon
  • Toulouse

dans le but de réhabiliter le tramway en France et d'étudier au plus vite des solutions utilisant au maximum la voirie actuelle et recourant au minimum d'infrastructures nouvelles. En Août 1975, Marcel Cavaillé ouvre un concours auprès des constructeurs français dans afin de définir un "tramway français standard" TFS, intermédiaire entre le bus et le métro, et rejetant les transports futuristes qui fleurissent à cette époque.

Nancy s'était même illustrée dans l'étude d'un projet de "Personnal Rapid Transit" PRT qui aurait vu pousser en sa ville des pylônes supportant un monorail à cinq mètres du sol sur lequel auraient circulé des cabines de transport pour vingt quatre passagers. Depuis la place où il trône en statue, le roi Stanislas aurait montré du doigt le projet qui aurait défiguré la ville chargée d'histoire.

Nous sommes en 1975, et en France seules trois agglomérations ont encore conservé leur tramway :

  • Lille-Roubaix-Tourcoing (1909)
  • Marseille                      (1893)
  • Saint Etienne               (1881)

A cette époque si l'on sortait de nos frontières, on pouvait voir des tramways modernes en Suisse, en Allemagne, en Belgique et en Hollande notamment.

La première ville française qui renoue avec bonheur avec le tramway est Nantes en 1985; nous noterons qu'elle ne figurait pas dans la liste pressentie par Marcel Cavaillé. Elle sera suivie de Grenoble en 1987 qui reçoit le même succès de la part de la population desservie. Cette résurrection d'un type de transport urbain jusque-là très dédaigné dans l'hexagone dans un environnement orienté vers la route et les autobus ne manque pas d'interroger les agglomérations. Le tramway français sous sa forme moderne se révèle une réussite.

Progressivement, les villes s'engagent dans un renouveau de leurs transports en commun en optant pour le tramway classique qui ne cesse de se perfectionner: plancher bas, climatisation, confort, capacité supérieur à l'autobus, vitesse, et même captage du courant au sol (APS alimentation par sol).

Après Grenoble, ce sont les villes suivantes qui renouent avec le tramway classique à roulement sur deux rails en acier :

  • Strasbourg    (1994)
  • Rouen         (1994)
  • Montpellier   (2000)
  • Orléans       (2000)
  • Lyon          (2001)
  • Bordeaux      (2003)
  • Mulhouse      (2006)
  • Nice          (2006)
  • Valenciennes  (2006)
  • Le Mans       (2007)
  • Toulouse      (2010)
  • Angers        (2011)
  • Reims         (2011)
  • Brest         (2012)
  • Dijon         (2012)
  • Le Havre      (2012)
  • Tours         (2013)
  • Besançon  Prévision (2014)
  • Avignon       "     (2016)
  • Caen          "     (2018)
  • Amiens        "     (2019)

On peut regretter que Nancy ne figure pas dans cette liste non exhaustive. Après avoir connu le trolleybus bi-mode de 1982 à 1998 qui a permis de rendre la rue Saint Jean site propre pour transport en commun et zone piétonne, la ville s'est orientée en 2000 sur le TVR (transport sur voie réservée) construit par Bombardier lui occasionnant bien des soucis. Ce véhicule à problèmes a même la prétention d'être baptisé "tram" alors qu'il n'a rien d'un vrai tramway. Une insuffisance notoire et les nombreuses pannes auraient pu orienter les instances à mettre fin à l'expérience tout comme l'a fait la ville de Caen qui a connu le même souci mais qui vient d'opter d'une manière salutaire pour un véritable tramway classique. Il n'en est rien puisque le dit TVR fait l'objet en local d'une rénovation onéreuse (14,8 millions d'Euros) pour prolonger sa durée de vie jusqu'à l'horizon 2020-2022. Notons que le créateur du TVR Bombardier a abandonné la production de ce matériel. 

La mise en place du  tramway en notre hexagone s'est accompagnée d'une modernisation des quartiers desservis engendrant un nouveau visage de nos villes par une desserte efficace et appréciée. Paris, la capitale, a fait sienne également la renaissance d'un transport oublié depuis plus d'un demi siècle.

Conclusion.

Marcel Cavaillé a permis un renouveau salutaire du tramway en France dont on constate le résultat après bientôt quarante ans d'exploitation.
Cette personnalité compétente ne doit pas être oubliée.
Formulons le voeu qu'à l'exemple de la ville de Caen, Nancy choisisse avec sagesse le vrai tramway pour desservir son agglomération dans le futur.

NOTA: Pour les amoureux des trains, précisons que les trams classiques du siècle dernier franchissaient aisément la montée de Brabois.

  • Le dernier tram suburbain de la ligne 14 Nancy-Pont St Vincent a cessé de circuler fin 1952.
  • Et le dernier tram urbain de la ligne 3 Laxou-Essey a cessé de circuler le 2 Décembre 1958.

Jean SPAITE   Février  2014

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