L'arbre couché

Prenez la Rue des Violettes, celle-là même qui s'est appelée Route de Buriville, chemin du Bois, puis Rue de la Gare à partir de 1911 date de l'inauguration du Tacot L.B.B., mais officiellement Chemin Vicinal N° 3. A mi-chemin avant d'arriver sur la Route Nationale PARIS-STRASBOURG (RN 4) vous avez un embranchement. Cette bifurcation , baptisée Chemin de la Largiére, mène à travers champs jusqu'à OGEVILLER. Restez sur votre chemin direct mais à trente mètres aprés cet embranchement, il y avait sur la droite un arbre penché qui faisait partie extrême d'un verger planté de mirabelliers, questchiers et pommiers. Seuls deux mirabelliers s'obstinent à exister aujourd'hui. Et l'arbre penché n'est plus là.

Au fil des ans, le vieux pommier persistant à donner encore des fruits, était devenu "L'ARBRE COUCHE" tant son inclinaison se rapprochait de l'horizontale.
Il a vécu jusqu'en 1990 environ, date où la tronçonneuse est venue marquer sa fin.

Mais "L'ARBRE COUCHE" était connu des amoureux qui en avaient fait un point de rencontre. Les couples y venaient se mettre à l'ombre, déguster quelque bouteille, discuter pendant des heures, et s'aimer... tout un programme. Il n'était pas rare de voir à cet endroit, deux bicyclettes ou une moto, ou une de ces braves 2 chevaux, ces "Deudeuches" qui sillonnaient nos campagnes; quelquefois les couples en visite plantaient une tente pour passer la nuit! Oui, "L'ARBRE COUCHE" était connu dans la région et il avait ses touristes.

Voisin de "L'ARBRE COUCHE", un champ libre, belle surface qui accueillit subitement un week-end un grand chapiteau rectangulaire. On ne savait d'où il venait, qui il était, mais il était là! Et dans le monde jeune, équipé à cette époque de "CB", la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre.
Et le chapiteau  ouvrit ses portes, avec sa piste de danse, son bar, ses lumiéres et sa sono riche en décibels!! Distant du village, ses rythmes ne gênaient pas trop le sommeil des habitants , tout au plus le lancinant battement qui accompagnait la musique dite "moderne" parvenait, d'une maniére assourdie, à marquer la mesure....

Comme il était venu, il s'en est allé le lundi au petit matin aprés avoir laissé place nette le près vert qui l'avait accueillit.
 
Ce phénomène, génération instantanée, d'un chapiteau fantôme, s'est reproduit deux fois de suite avec le même accueil de la part des initiés.

Aujourd'hui, le chapiteau n'est plus revenu.
ET "L'ARBRE COUCHE", lui aussi n'est plus!...

Ces faits divers font partie de l'histoire du Pays des Piquants.


Jean SPAITE  Décembre 2009

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